Quelle est donc humaine, cette manie de vouloir expliquer à autrui ce que l’on ne comprend pas et que l’on solutionne par des croyances ou en se défaussant sur la responsabilité civique.
Dans les années 1970, le gouvernement US clamait que l’on pouvait échapper aux conséquences d’une bombe atomique, en ayant sa maison et jardin propres, avec une cave suffisante. Cela ne dépendait que de chacun. Cette protection découlait d’un civisme élémentaire, individuel qui ne regardait que les citoyens, pas le gouvernement US ! Une plaisanterie d’innocuité qui fait rire de nos jours, mais cette hypocrisie étatique persiste.
En aout 2020, en France on en est là. Le gouvernement menace de reconfiner si une deuxième vague de Covid-19 survenait, la faute en serait à l’indiscipline des vacanciers….
C’est cacher l’incompétence persistante du politique incapable d’avoir des tests pratiqués d’autorité pour tous, d’isoler en quarantaine les positifs, de faire des études statistiques sur les chaines de contagion, et surtout de créer des lits de réanimation dans tous les départements en hypertrophiant les services des urgences qui manquent toujours de matériel et de soignants. Aucun plan n’est prévu, aucune construction envisagée… Les chinois auraient construit un hôpital de 10.000 lits en 15 jours, parait-il…
Alors, plutôt que le gouvernement français s’attelle à amplifier les moyens médicaux, il swingue sur des médailles, sur une prime de risque alors que les soignants, du garçon de salle au professeur universitaire en passant par aides-soignantes, infirmières et tous les postes médicaux, attendent qu’on leur donne les moyens de bien exercer leurs activités. Cela fait 30 ans qu’ils se plaignent, en vain, pourquoi pas encore autant ?
Ah parce qu’une pandémie menace ?
La faute en sera aux citoyens désobéissants ne portant pas les masques (les mêmes qui avaient fait condamner le maire de Sceaux quand il l’avait exigé en février 2020…).
Cet été, les médias vont suivre le taux de sujets positifs, le nombre d’hospitalisés. C’est un prétexte pour que le gouvernement ne voit pas son incurie et reparte dans confinement et couvre-feu, décisions qui masquent leurs multiples inaptitudes à gérer l’incertitude de l’existence. Dire suivre les conseils scientifiques est un aveu d’incapacité de régenter les risques de la vie, la politique doit anticiper les effets des catastrophes et adapter au pays les informations d’un collège ‘des experts’, pas leur donner une action politique. Pour ne pas reconnaitre ses faiblesses et erreurs, le choix a été la facilité : tout interdire, utiliser ceintures, bretelles, confinement et couvre-feu…
Maintenant c’est la menace du premier Ministre ! Paralyser une fois de plus le pays avec ses conséquences anéantissant la culture, l’éducation, les sports, les industries, les finances, le moral de la population…
Contrairement aux autres pays !
Mais cette léthargie éviterait d’éventuelles sanctions pénales puisque ayant voulu tout supprimé comme risques. Tout bloquer est une condamnation plus facile à réaliser que de doubler le nombre de lits de réanimation, de valoriser le personnel soignant qui passe pour une sorte de gilets jaunes bien calmes.
Ainsi rien n’est fait, rien n’est anticipé. Après la honte pour ’inattentions’ de mars où les médecins se sont entendus dire qu’au-delà de 68 ans on ne pouvait plus prendre personne dans les hôpitaux ‘submergés’, dans l’avenir on se dirige vers une honte ‘d’incompétence et de carences intellectuelles’ doublées d’absences de solidarité.
A quoi servent les débats sur l’âge de la retraite si l’on est alors déclaré trop vieux pour bénéficier des soins nécessaires ? Incongrus et ridicules paraissent ces non-sens politiques !
Mourir par discrimination de l’âge. Pourquoi pas alors en raison de la couleur de peau, de la religion… ?
Où est l’égalité, la fraternité devant les soins à donner ? Comment a-t-on pu supprimer cette liberté de laisser une chance à quiconque de guérir ?
Comment la France a pu en arriver à de telles incuries de ministres qui se pavanent à la TV ? Nous qui nous targuions d’avoir la meilleure médecine et la meilleure protection sociale ?
La fin est contenue dans les moyens que l’on utilise, elle sera à la hauteur de nos mérites. Les services des urgences seront encore inondés des besoins médicaux quotidiens pour pallier à l’insuffisance d’offre du corps sanitaire dont la structure date de trente ans mettant les rendez-vous de radiographies, de spécialistes à quelques mois….
Les palinodies gouvernementales reflètent le déclin d’une politique dans le déni et qui refuse de voir le réel dans tous les domaines.
Parce qu’elle est incapable de trouver des solutions.
Jusqu’à quand les Français vont-ils subir ce joug ?
Docteur François Naudy
Secrétaire national en charge de la Santé