« J’aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. »
Charles-Louis de Secondat, penseur politique des Lumières (1689-1755)
Fondé en 1949 pour représenter les Français de droite modérée et contrer l’hégémonie du parti communiste, le Centre national des indépendants est devenu, le 15 février 1951, après sa fusion avec le Parti paysan d’union sociale (PPUS), le Centre national des indépendants et des paysans (CNIP). Depuis, le CNIP arbore toujours ce P de paysan, que certains trouvent, même au sein du mouvement, un peu désuet. A quoi bon se réclamer de la paysannerie alors que celle-ci n’existe plus dans notre nouveau monde globalisé ?
Parce que, comme le terme l’indique, le beau mot de paysan nous renvoie à une réalité étymologique, celle de pays – et, par conséquent, à celle d’enfant du pays –, et à une nécessité, celle de la souveraineté alimentaire, qu’il est de notre devoir de reconquérir, en revalorisant le si rude mais tellement beau métier de paysan. Cela passe, évidemment, par l’obligation de leur donner les moyens d’avoir des revenus décents, cela passe aussi par la défense constante des communes et des élus locaux, et, par conséquent, par l’attachement au maintien du Sénat comme chambre représentant les collectivités locales.
Déjà, Voltaire relevait, peu avant la Révolution : « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. » Il est temps de valoriser l’activité rurale qui permet la subsistance de tous. La mise en place d’une politique nationale au profit de nos exploitations agricoles doit être déclarée « grande cause nationale ».
La figure du paysan, devenu agriculteur puis « exploitant agricole », est devenue comme une incongruité dans « la diagonale du vide », celle des « déserts médicaux » recensés sur un gros tiers du territoire de la France. A quand la prochaine révolte ? Il y eut des revendications, parfois des soulèvements de cette France laborieuse si peu représentée à Paris. Il y eut des mouvements d’humeur dans les urnes.
Sans remonter aux Jacqueries sous l’Ancien Régime, la percée électorale du mouvement de Pierre Poujade en 1956 (12 % des suffrages, 52 députés), la poussée du parti Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT, devenu Mouvement de la ruralité en 2019), qui obtint près de 7 % aux européennes de 1999 et plus de 4 % (soit 1,4 millions de suffrages) à la présidentielle de 2002, sont des exemples de ces appels au respect de la dignité du paysan et de son mode de vie.
Alors oui, notre parti s’enorgueillit de son intitulé et d’être en première ligne pour la défense du monde rural. Les nouveaux périls sanitaires et la dégradation des conditions de vie urbaine (insécurité galopante, fiscalité élevée, immobilier hors de prix, stress permanent des
habitants, etc.) renforcent notre conviction que l’avenir appartient au monde rural. A condition d’y maintenir les services publics indispensables à la vie quotidienne de tous ses habitants, d’y renforcer les transports en commun, d’y construire des maisons individuelles pour l’installation d’une population jeune et en âge de procréer. Le mot de « paysan » est aussi un appel à une société plus traditionnelle, plus ancrée dans les valeurs de solidarité et de travail.
Pour toutes ces raisons, le CNIP conservera son « P », car notre mouvement se veut en phase la France des terroirs, et il continuera à combattre la centralisation et l’uniformisation qui étouffent, voire éradiquent, nos identités.
Dans le cadre des prochaines élections régionales et départementales, le CNIP se fera le porte-parole de tous ces « sans voix » qui font la France et qui nous nourrissent, tous, sans faire de distinction entre les Français, allant même jusqu’à assurer la subsistance de ceux qui œuvrent à leur disparition.
A tous ceux qui croient que la France n’est qu’une pièce du « village planétaire », le CNIP répond et répondra toujours que les seuls villages qu’il connaît, c’est la multitude de ceux qui composent la France, et que son honneur est de se vouloir en phase avec les hommes, les femmes et les enfants qui les peuplent. Puissent-ils être bien plus nombreux demain !
Bruno North
Président du Centre National des Indépendants et Paysans