Gilles Bourdouleix – avril 2012
Le nombre fatidique des cinq cents parrainages n’a pas été atteint. Bien évidemment je n’ai pas pu être candidat pour le CNIP à l’élection présidentielle. Ce fut d’autant plus difficile de glaner ces précieuses signatures que notre mouvement, en reconstruction, reste trop faible au plan militant pour envoyer des ambassadeurs auprès des élus et que la presse choisit les candidats qu’elle entend promouvoir.
Cette courte aventure me laisse un double sentiment : satisfaction et regret.
Satisfaction parce qu’avec un peu plus de deux cents contacts (qui ne signifient pas deux cents signatures adressées au Conseil Constitutionnel), nous avons montré que le discours du CNIP portait en particulier dans le monde rural. Mobilisés par un courrier spécial et adapté, les maires délégués ont notamment répondu dans une proportion satisfaisante. Si la proportion avait été la même sur la totalité des parrains, je serais aujourd’hui dans la course à l’Elysée ! Le taux de réponse témoigne d’une interrogation des maires des communes associées sur leur place à l’heure où celle des intercommunalités progresse.
Regret parce qu’en démarrant plus tôt, il y avait un espace à occuper. Sur les valeurs, le CNIP n’est pas loin du Parti Chrétien-Démocrate de Christine BOUTIN. Mais celle-ci a une image très marquée et n’a pas l’indépendance de ceux qui n’ont pas participé au Gouvernement durant le quinquennat. Le CNIP se veut comme le Chasse Pêche Nature Tradition (CPNT) de Frédéric NIHOUS le défenseur de la ruralité. Mais un mouvement rassemblant des chasseurs et des pêcheurs a une vocation de lobby et non de parti politique. Frédéric NIHOUS a commis l’erreur d’ancrer le CPNT à droite en s’alliant à l’UMP. Il y a gagné un mandat de conseiller régional. Il y a perdu sa crédibilité.
Une campagne entamée plus tôt aurait tirée bénéfice de ces deux candidats usés par de précédentes batailles et mis hors-jeu par leur positionnement ambigu. Cette stratégie qui a été celle de Nicolas DUPONT-AIGNAN lui a permis de recueillir les parrainages nécessaires. Mais elle est inscrite dans la durée depuis une quinzaine d’années qu’il milite pour un souverainisme qui en tant que tel n’a plus grand sens. Par deux fois, j’ai eu l’occasion de faire cause commune avec Nicolas DUPONT-AIGNAN, lors du référendum européen de 2005 et lors des régionales de 2010 en Ile de France. Il profite du soutien des autres sans jamais partager. Son choix de slogan a achevé de me convaincre de m’éloigner définitivement du personnage : « La France libre ». Je trouve indécent de s’approprier un chapitre de l’Histoire pour des intérêts partisans.
Cela étant, j’ai également conscience que le CNIP n’avait ni la logistique, ni les finances pour mener une campagne présidentielle. Et pour de multiples raisons, je n’aurais pas été enthousiaste d’avancer dans cette aventure. C’est donc sans amertume que je vis la présidentielle 2012 en observateur.
Il est clair en tout cas que la campagne ne soulève pas la passion des foules.
Il a cependant fallu que le CNIP se détermine. Certains d’entre nous ne souhaitaient pas de position avant le 1er tour. Je leur ai expliqué qu’un parti politique ne peut rester étranger à un tel débat.
La discussion s’est résumée à deux candidats : Nicolas SARKOZY et François BAYROU, ce dernier étant très largement minoritaire. J’ai milité pour le premier.
Le CNIP a finalement choisi de soutenir dès le premier tour Nicolas SARKOZY.
Il m’est arrivé d’être en désaccord avec ses réformes, le plus souvent parce qu’elles n’allaient pas au bout de leur logique. Je n’ai pas partagé son système de gouvernance, que ce soit sa relation avec son Premier Ministre, que ce soit la place réelle laissée à l’initiative parlementaire. Je n’ai pas toujours apprécié ses choix humains notamment la période de l’ouverture qui n’aura rien apporté électoralement.
Mais je rends hommage à son engagement ferme quand la France a traversé la tempête mondiale. Le navire a parfois tangué. Il n’a pas sombré. Les marins étaient bons. Le capitaine fut vigilant, parfaitement accroché à la barre.
La Nation doit défendre ses valeurs, la République ses principes.
A la condition de quelques ajustements, Nicolas SARKOZY est le mieux placé pour assumer cette mission.
Le deuxième tour opposera Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE. Aucun autre candidat n’est capable de venir troubler ce face à face programmé.
Chaque élection présidentielle réserve sa surprise. En 1995, ce fut la résurrection de Jacques CHIRAC. Revenant du diable Vauvert, il supplanta Edouard BALLADUR, grand favori, et battit Lionel JOSPIN pourtant en tête au soir du 1er tour. En 2012, Jean-Marie LE PEN élimina Lionel JOSPIN de la finale. En 2007, François BAYROU flirta avec un 2ème tour qui le cas échéant l’aurait sans doute propulsé à l’Elysée. La surprise 2002 ne se renouvela pas en 2007 ; celle de 2007 ne se renouvellera pas en 2012. C’est Jean-Luc MELANCHON qui reprendra le rôle de la surprise dans l’édition 2012. Mais il restera loin de la qualification pour le 2ème tour.
L’enjeu du 22 avril est désormais double : qui virera en tête des deux favoris ? Quel sera l’ordre des trois suivants ?
Etre devant au 1er tour ne garantit rien. C’est seulement un avantage psychologique. Quant aux places 3, 4 et 5, elles seront importantes dans le cadre des négociations d’entre deux tours et dans la recherche des reports de voix.
C’est pourquoi la mobilisation pour Nicolas SARKOZY dès le 22 avril est essentielle. Le temps n’est plus aux réserves. Il est au choix.