Ce qui se passe en Catalogne espagnole est exemplaire de ce qui pourrait se produire chez nous. La France d’aujourd’hui, ou, plus justement, les gouvernants récents, oublient que notre pays possède une partie de la Catalogne, masquée sous le nom de Pyrénées-Orientales ou Roussillon. Ils oublient d’ailleurs beaucoup d’autres choses, s’agissant de l’unité, de la sécurité et de la Grandeur du pays.
Or, je vois, dans ma province, monter des revendications qui m’interpellent. Le « Catalanisme » y est très présent. Le souhait d’un destin commun avec la « Catalogne sud » interdit d’utiliser les termes d’autonomisme ou d’indépendantisme. Une action insidieuse, menée depuis de longues années, a abouti à ce sentiment de profonde différence, chez certains, avec le reste des Français. Langue et culture catalanes occupent de plus en plus d’espace, au point que certains jeunes, peuvent faire une scolarité de la maternelle jusqu’à la troisième incluse, entièrement en Catalan. Ils sont ainsi préparés à des emplois que je peux, encore, qualifier de « transfrontaliers ». Ils sont sédentarisés en « Catalogne unie » et prêts à la servir. Les drapeaux catalans se multiplient aux balcons et dans les jardins. Les noms des villes, des rues et les panneaux indicateurs sont tous bilingues et les villes et villages, sous leur nom ont tous ajouté « pays Catalan ». La « Généralitat » de Catalogne, entretient une représentation à Perpignan et dispense des allocations à toutes les activités susceptibles de promouvoir le « Catalanisme ». L’université Catalane d’été » (Universitat Catalana d’estiu), se tient chaque année, à Prades et dispense dans toutes les matières un enseignement de bon niveau, évidemment en catalan, tout en développant l’idée d’unité de la Catalogne. C’est d’autant plus facile que le berceau de la Catalogne se trouve à Ria, un petit village à côté de Prades et que le Canigò, est la montagne sacrée de tous les Catalans. Chaque année, pour la Saint-Jean d’été, précisément sur cette montagne, se réunissent des représentations de toutes les communautés catalanes (Catalogne « sud », « nord », Baléares et Alghiers en Sardaigne) à grand renfort de médiatisation autour de l’unité catalane. Je ne compte pas les radios et télévisions qui émettent en Catalan. Un parti politique vient de se renforcer à la suite du rattachement, mal vécu, du Roussillon, à la nouvelle région Occitanie, occultant, dans son nom, le fait catalan. Ce qui, je dois le reconnaître, est une faute politique. Ce parti, bien évidemment, met en exergue les différences culturelles, linguistiques et historiques avec la nouvelle région et en profite pour réclamer la création d’une entité administrative particulière qui ne serait plus le département. Cette revendication vient d’être relayée, par des élus de la ville de Perpignan, à l’occasion des évènements de Barcelone. S’agissant de ce pseudo-référendum, il faut savoir que les urnes ont été regroupées à Elne, une petite ville à côté de Perpignan, et que les bulletins de vote ont été imprimés à proximité de Perpignan. Ni attentats, ni assassinats…
Cette évolution perverse et dangereuse me chagrine profondément et elle me fait dire que ce qui se passe de l’autre côté d’une frontière évanescente, pourrait se produire dans mon pays, la France. Certes aux élections législatives et sénatoriales, le département se calque sur le reste de la France, mais le mouvement est bien présent et se développe.
Ce qui se trame dans ma province de l’extrême sud de notre pays, se passe aussi dans d’autres régions à l’identité marquée. Comment a-t-on pu en arriver là ?
Un pays aussi divers que la France a besoin d’être gouverné de manière homogène et forte pour effacer les tendances irrédentistes. Pour cela, le pouvoir, dans toutes ses actions, doit être imprégné de l’idée de Nation. Il l’était jadis… l’Etat n’est, après tout, que la plus haute des strates administratives, alors que la Nation est une transcendance, un sentiment, une expression amoureuse de populations, qui oublient leur diversité, et se reconnaissent dans le rôle que cette union d’adhésion s’est donné, par le passé et se propose de se donner dans le futur. Ce sentiment n’a d’autres aliments que la fierté d’une histoire glorieuse et partagée, une langue respectée, une loi commune et protectrice et la Grandeur dans l’action d’aujourd’hui. Seule l’histoire de France est fédératrice. Mais encore faut-il qu’elle soit enseignée.
Aussi, tout ce qui porte atteinte à la souveraineté de la France est une agression contre la Nation et la pousse vers l’abîme. Elle incite des populations, qui s’y reconnaissaient, à se tourner vers leurs particularismes et à les exacerber. L’ultralibéralisme des gouvernants actuels, ne s’oppose pas seulement au protectionnisme, il s’oppose, en réalité, à la Nation. La Nation est constituée de citoyens; l’Union Européenne, fondée sur l’ultralibéralisme, se bâtit sur des consommateurs. Imaginer substituer les seconds aux premiers, dans un vaste ensemble mercantile, procède d’un insondable mépris de l’humanité. L’éclatement des Etats-Nations, comme le nôtre, ne pourrait que satisfaire ces gens pour qui l’argent est devenu une fin en soi, permettant une gouvernance apatride pour le profit et sous l’autorité de quelques-uns.
Cette perversion peut faire des ravages, mais ne parviendra pas à son aboutissement, car l’humanité est trop diverse pour accepter unanimement cette vision méprisante de l’homme. Cependant, ces attaques contre les Nations, pourraient mettre les populations victimes à la merci des utopies, des maffias ou des idéologies totalitaires qui, très vite, pourraient occuper l’espace affectif laissé en déshérence. Avec le Catalanisme et tous les régionalismes, nous sommes, hélas, confrontés à ce type de tentative. L’islam, s’insinue, de même, dans le vide que laisse une nation qui s’étiole. La Nation c’est la sécurité.
Les gens qui nous gouvernent, parvenus au pouvoir avec l’appui évident du système mercantiliste, se comportent, c’est logique, comme les serviteurs d’un monstre financier et bancaire, engendré par les États-Unis et relayé par l’Union Européenne. Ils cèdent les richesses de la France, ou laissent détruire les fleurons de son économie, au nom d’un ultralibéralisme débridé, dont ils savent, pourtant, qu’il est hostile aux nations. Ils hypothèquent notre sécurité en refusant à nos Armées, comme à notre Police, le respect, l’autorité et les moyens nécessaires, dans la guerre qui va s’intensifier. Ils bradent à l’étranger, nos industries stratégiques, y compris celles indispensables à notre dissuasion, avec leurs secrets. Ils laissent envahir le territoire par des flots de migrants inassimilables, dans lesquels ils refusent de voir un renfort de la menace islamique, mais au contraire une future masse de consommateurs. Ils insistent sur cette démarche de subordination, en proposant de confier, à des structures internationales, après une part de la diplomatie et de l’économie, la Défense, les finances et de leur confier davantage de pouvoir dans notre quotidien. Bref, ils envisagent, sans remord, de se séparer des derniers pans de l’autorité régalienne. Ils méprisent les retraités, les vieux, qu’ils imaginent utiles, seulement, de manière accessoire, à la consommation, et surtout détenteurs d’une mémoire dangereuse pour leurs manigances. Mais ils n’ont pas meilleure considération pour les actifs, dont nul ne remarque qu’ils deviennent, progressivement, des objets économiques. Produire et consommer… Ils laissent l’éducation nationale fabriquer des générations de diplômés incultes, incapables de réfléchir et prêts à subir toutes les modes avilissantes venues d’ailleurs. Lobotomisation et subordination… Ils utilisent les médias audio-visuels pour leur action psychologique, l’endoctrinement des foules… Ils se permettent de critiquer la France et les Français à l’étranger, preuve, à l’évidence, que pour eux, la France n’est plus qu’une entité administrative d’un vaste ensemble qui, lui, doit être respecté. Ils osent même s’exprimer en anglo-saxon, ajoutant à la preuve précédente et sapant ainsi, les fondements d’une solidarité francophone et d’une exception culturelle, particulièrement utiles à la Grandeur et à la cohésion de la Nation française. Autant d’actions qui conduisent à l’alignement de tous sur un comportement basique et consumériste prôné par le Léviathan.
En rendant inaudible la voix de la Nation française, ils favorisent l’expression de minorités en mal de fierté nationale et de Grandeur. Ils sont les seuls responsables de ce qu’ils condamnent.
Malgré cette puissante opération, je ne crois pas, cependant, que la France accepte longtemps que quelques gouvernants, mal élus, animateurs d’une ambiance technocratique, la dévient de sa ligne historique. La France, vieille Nation, a connu bien des déboires et des trahisons. Mais elle s’est toujours retrouvée. La lassitude que l’on sent dans le peuple, risque de n’être qu’un prélude à sa colère. Espérons que les gouvernants actuels trouveront en eux une parcelle de sagesse pour modifier leur façon de faire.
Henri ROURE
Officier général (2s)
Auteur de: Grandeur ou servitude -essai sur l’avenir de la France